Cosmos 1999


Affrêtées par les Forces Unies, les 7200 tonnes du Commodore-3/1515 glissent lentement aux confins de la galaxie, vers une mission armée secrète et multimodale.

A bord, Barbara Brushing et le Commandant Tiger Tapage veillent aux opérations, assistés de leur staff et d'une batterie d'humanoïdes spécialisés dans différentes missions (outings spatiaux, missions armées, cuisine, repassage, bimode foehn / fer à friser).

La climatisation dans les parties viables du Commodore-3/1515 est réglée sur 23,7 degrés. Nos semblables peuvent dès lors évoluer dans de légers vêtements d'acryl, de crush, de mesh ou de popeline de Trevira.

Barbara Brushing s'ennuie - signe qu'il sera bientôt l'heure de regarder le Téléjournal diffusé par le relais UHF d'Orion et de gagner le monotone restaurant "Space Wings" pour souper.

Le télédyne n'a pas encore transmis d'ordres précis de la Base et la partie stratégique de la mission se fait attendre. Ce soir, le Cdt Tiger Tapage perd sa 39e partie de black-jack de la journée terrestre+ (25 h 12, pour mieux recaler les rythmes circadiens humains, le jour où le Commodore retrouvera les abords terrestres) - partie qu'il dispute désespérément contre le computer central du spaceship. Un engin ultrapuissant, familièrement surnommé Heinz (car la pièce cryogénisée où est installée son unité centrale à triprocesseur est peinte en rouge ketchup, pour le repos des cellules photocaptantes des coprocesseurs non-mathématiques à logique ardue).

Barbara a repassé vers 13 heures une couche de vernis sur ses glezongles, ce qui lui permet de jouer, avec une certaine ostentation, du digicode qui donne accès au bar de l'étage de pilotage.

Elle retrouve là Jew, le second aux longs cheveux châtains clairs et aux jambes poilues.
Jew distrait parfois Barbara en l'invitant dans sa cabine; car douze ans de mariage avec Tapage (dont sept passés dans l'espace), cela lasse la plus fidèle des épouses.

Jew entame son quatrième Glenfiddich. Barbara se laisse aller et commande un Southern Comfort au robot serveur, qui l'accueille avec la routine la plus aimable de son protocole de civilités commerciales.
Jew tend à Barbara un état imprimé des programmes de divertissement diffusés par le Circuit en deuxième partie de soirée.
A ce moment, l'agréable éclairage d'ambiance orangé du bar s'éteint brusquement pour faire place aux rayons blafards des lampes de secours - tandis que retentissent les sons alternés typiques de l'alarme. Tous les displays passent au rouge et affichent les péremptoires consignes d'usages "To your posts now!". A ce brouhaha se mêle bientôt la suavité des voix d'hôtesses qui débitent leur litanie "Ladies & Gentlemen, the 1st step of the Alarm condition has been engaged now. Please return to your seats. Refrain from smoking. Replace the back of your seat in the upright position and fasten your seat belt"...

Barbara soupire. Jew finit son verre et se lève. "Encore un coup de Tapage", pensent-ils en se jetant un regard las et furtif, et en resserrant, machinalement, leurs ceintures d'un cran. Ils quittent le bar pour regagner la station de conduite.

(au générique)

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