Je vais à Aubonne


Le parcours se déroule comme un serpent interminable
Tantôt de bitume, tantôt de terre ou de cailloux
La rivière verte bouillonne sous les arbres
Les gitans sédentaires ricanent à notre passage
Parmi les carcasses de machines à laver
On monte - le goût du sang dans la bouche
Les autres qui râlent et soufflent épais
La trace va par le fond vert du vallon, puis revient
Des fermes, des vergers, une pente où nos jambes
Sont comme des chevaux emballés
Une usine électrique sinistre au fond du val
Bobines vides abandonnées, signe ancien des Câbleries
(Jours innombrables perdus dans la halle bruyante
Et les machines aiguës
Mais où es-tu, Mémé, avec ton tablier taché de graisse?
Tu me manques, le sais-tu?)
Vers la fin
Des fleurs d'août emplissent de modestes jardins
* * *
Plus tard je quitte la foule par le petit chemin
Sous un ciel d'après le jour, d'avant la nuit
Le lac est là-bas - Evian, Thonon scintillent au ras de l'eau mauve étale
Je suis d'ici
* * *
Près de chez moi un ovni luminescent s'est posé
Dans le secteur obscur de la gare aux marchandises
Une chose étrange, blanche et orange, de métal et de verre
A l'intérieur: des provisions, des biens, alignés au cordeau
Tout est à vendre

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