Nous y étions

Chère Belette,

J'ai pensé à toi hier soir car je suis passé au café Fertig. Je veux dire: là où il aurait dû se trouver. Nous avons traversé un tunnel piétonnier et nous sommes arrêtés devant une porte de chantier en bois, fermée par un cadenas. Heureusement, le Commandant! avait la clé. Notre groupe (constitué de mâles sexagénaires) est entré dans la station plongée dans l'obscurité et le froid sépulcral. Il s'est alors écoulé de longues minutes à bavarder sous les néons que le Commandant! avait réussi à allumer, avant qu'enfin! on voie au fond du tunnel poindre les feux de ce fameux premier métro.
Une fois à bord on nous a dit de bien nous accrocher. Je me suis calé derrière le manoeuvrier et la descente a commencé. J'ai filmé le tunnel qui nous avalait, avec des moments où la voie disparaissait presque devant nos yeux, comme sur un grand huit. Les stations, sombres ou illuminées, défilaient anonymes. J'ai reconnu la Sallaz à son quai central. Au CHUV, j'ai pensé au Poulet. Après Ours, le premier virage et déjà, une galerie qui se révèle assaillie par l'eau ruisselante, canalisée par des tuyaux répétés mais comme précaires... Le mécanicien nous a arrêtés au milieu du pont Saint-Martin. Je filmais toujours. Puis, deuxième virage souterrain. Saint-Laurent (comme si rien ne s'était jamais passé), Riponne, le Flon (gare fantôme), et enfin le tunnel de toujours, avant la gare. Petit problème électrique pour franchir le tronçon à voie unique - nous avons eu droit au freinage d'urgence (impressionnant). Vers Grancy, vision de jolis intérieurs éclairés. Impression d'être à Paris, sur le métro aérien...
Voilà, je m'arrête ici, le reste n'est qu'anecdotes. Je suis sorti du wagon au trajet retour, avec les autres, à la gare. Michelle, qui était avec moi, est restée avec les techniciens jusqu'aux Croisettes. Ce qui m'a fait bizarre, en reprenant un bus, c'est la parcimonie de l'éclairage, son aspect glauque, après la brillance des néons de ce petit train Märklin qui (nous) a tant fait rêver.
Bientôt... Mais d'abord faut que je finisse ce fucking bouquin.
Adieu ma Belette!