Lounge

C'est une musique faite de notes sortant parfois d'instruments réels, mais le plus souvent synthétiques; de chœurs aériens sans véritables paroles, plutôt des voix qui fredonnent ou psalmodient, ne prononcent parfois que des mots isolés, une phrase répétée, des onomatopées. Elle distribue des notes en cascades, en pluie... Une musique d'ascenseur, d'aéroport, de grand magasin. Accents de jazz; de funk; de dub. Ambiances sixties (en hommage aux fondateurs Esquivel, Burt Bacharach); sinon arabo-andalouses, brésiliennes, indiennes. Nappes vaporeuses emplies de sons de flûtes. Ton enjoué, parfois foufou, nostalgique à l'occasion. Rythme relaxé, même s'il sait être plus électrique. Une musique qui n'a rien d'intrusif, qui est faite pour être jouée dans les bars, ceux où les gens vont en début de soirée. Donc elle vous laisse la tête libre, elle permet de penser à autre chose, de lire; on peut malgré tout l'écouter plus attentivement, ce qui permet de découvrir quelques finesses. C'est le plus souvent un art de l'arrangement. Surtout, c'est une musique toujours renouvelée, que l'on produit d'abondance, qui a ses radios, ses compilations institutionnalisées, avec leurs codes visuels kitsch (sofas, hauts-parleurs design, plages, couchers de soleil, mannequins féminins filiformes aux ongles peints...) On s'attache à un morceau, que l'on réécoute tout en sachant que ce n'est pas la peine de s'apesantir, qu'il en viendra d'autres, encore et encore. Un sentiment rassurant. Il n'y a pas vraiment de nostalgie possible avec le renouvellement que connaît la musique lounge. C'est un grand avantage. On peut apprécier quelques formations, mais elles ne sont pas soumises aux lois de l'idolâtrie. Tout cela reste infiniment léger.

Dimanche du Jeûne: on sort au Mad, pour la Jungle des Vaudois (pardon: Bordello). La piste est en escalier, ces temps. La plus haute marche, sous le DJ, semble réservée aux quinquas. Un type danse à notre gauche. T-shirt sans manches bleu électrique, avec une grosse tête de lion imprimée. Terriblement kitsch.
Dialogue:
(Moi) – Un pataphysicien te dirait que ce t-shirt n'a rien de plus ni rien de moins qu'un carré Hermès.
(Pascal) – Bon, mais un pataphysicien n'a sûrement jamais senti la texture d'un carré Hermès...
(Moi) – Une pataphysicienne, alors!

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