El viaje

/////arrivée en ville par une voie rapide qui fuit sous des dizaines de ponts ///// il ne reste plus rien de l'autostrade balisée de gros agaves poussiéreux et fatigués ///// dimanche réveil à 5 heures ///// derrière les lamelles noires serrées, encore la nuit ///// la casserole mal plate de Pascal danse sur le vitro



*ça commence*
42 virages de plus de 90 degrés - carrer de la Creu Coberta, balcon saturé de plantes vertes & vieilles dames en robes de chambre éponge - montée vers Sants, large grille à travers la chaussée, peut-être la rue se transforme-t-elle en torrent s'il pleut? - le matin monte sur la ville - peu de monde - descente euphorique vers la Sagrada - soleil plus chaud - détours sous des autoponts blancs dans la zone bouleversée entourant le godemiché Agbar, puis fuite le long des murs antibruit d'une autoroute, entre les constructions de briques de la Gran Via (comme un canyon) - petits commerces tristes au pied des barres - la rambla de Prim file droit dans le soleil - odeurs de grillades, il y a donc de la vie derrière ce barrage de briques
[pourvu que Pascal n'ait pas oublié le Coca]
le quai, la tour Mapfré est encore loin - je tourne ma casquette pour me protéger mieux
[plus que 5 km et puis le Coca]
le Poulet me tire, je m'accroche - virage à droite vers la vraie ville - parc de la Ciutadella écrasé de soleil - coureurs mélangés au public - arc de triomphe, Pascal est là, ne pas s'arrêter, boire le Coca tiède - virage, foule, impossible de penser, Laietana, Jaume, Ferran je ne vois plus rien, la Rambla
[pourquoi n'y a-t-il pas de ravitaillement ici?]
statue de Colomb, virage, enfin le Parallèle familier - obliquer - bientôt bientôt la fin - le Poulet a disparu
[si je vois un Coca sur une table de terrasse, je le bois]
pétards sur le dernier bout droit avant la place d'Espagne - borne 42 à gauche, perspective de l'arrivée, arceaux, tapis rouges, derniers mètres, je lève les bras - soleil mortel, médailles, le Poulet m'attend, aucune tente, aucune ombre, sauf là-bas, sous une passerelle, mais ça pue la merde de chien
*c'est fini*

/////dimanche soir ///// une disco lisse, grise et déserte ///// sentir tout à coup la montée magique de l'énergie ///// un homme est là ////// je vais chez lui ///// il programme de la musique pendant que ///// un store rouge claque au vent du matin derrière une grande fenêtre ///// il met du sucre et du lait dans son café ///// il me donne deux disques ///// lundi soir 19h ///// la nuit tombe sur Sants ///// un bordel à côté de la gare, sachet plastic avec draps et serviettes stérilisés ///// un jacuzi rincé mais pas séché, odeur de l'humidité ///// autre peau, autres manières ///// profiter encore du corps que j'habite ///// mardi, ciel gris, vent, jour vain de transit, l'oublier aussitôt /////

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