Sieste (1976)



Le balcon s'ouvre sur un jardin, derrière la maison. Le paysage est dominé par le bulbe du Petit-Collège où une cloche paresseuse sonne des heures fêlées. Une modeste pelouse, sous des fils où du linge sèche, sévèrement aligné; et puis de vieux hortensias qui s'épanouissent à l'ombre d'un mur moussu. Petits clédars en bois, cabanons, girouettes, nichoirs, tonnelle, haies mal domptées des jardins bancaux. Chats en vadrouille. Bruits assourdis en provenance du moulin Chevalier dont les tuyaux coudés jaillissent d'une fenêtre, comme ceux d'un orgue vulgaire, pompant, versant le grain que des tracteurs amènent parfois dans des nuages de poussière...

Volets verts foncés. Je dispose une serviette sur le sol de béton qui devient brûlant au soleil. J'allume un transistor. Une voix d'homme (celle de Jehan Jonas je pense) raconte lentement une histoire surréaliste...

La chambre est protégée de la chaleur par les volets tirés en dos d'âne. Le balancier de laiton d'une horloge rythme la torpeur de l'après-midi. Pépé somnole dans un fauteuil, sursautant aux sonneries de l'horloge. Tout à côté, Mémé dort sur le flanc, sur un divan est recouvert de tissu à grosses fleurs vertes et blanches.

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