Week-end


Le soleil tape sur les rangées de cabines des Marzili, surmontées d'un petit clocher qui marque 14 heures 30. La pelouse surchargée de serviettes bariolées, de corps allongés, qui dans la fournaise, qui à l'ombre. Lait solaire. Sueur. Lunettes noires. Cris et bruits de plongeons en provenance de la piscine. Le thermomètre géant indique 17 degrés: la température de l'Aare, que l'on remonte jusqu'à la passerelle par le chemin de bitume qui brûle la plante des pieds. Se mouiller dans l'eau glacée de la fontaine où des poissons de bronze nous giclent, avant de descendre les marches glissantes pour se jeter dans le courant puissant. Puis, se laisser descendre au fil de l'eau verte, en écoutant le tintement cristallin des galets roulés par le lit de la rivière. Le Palais fédéral se profile sur sa colline, cadré par les arbres des berges. On vise les mains courantes peintes en rouge, qu'il faut agripper pour se hisser hors du courant. Rejoindre le quai, le coeur battant et la peau tendue comme celle d'un tambour. Plus tard, un café, une glace. Le soir, débauche de feux d'artifice observés de ma terrasse.
Dimanche au pavillon, sous un ciel maussade. Les cousines et leurs maris. Vient toujours un moment où l'on se fait chahuter; où il faut se défendre – si possible spirituellement. Des détails du passé remontent, qui donnent d'autres éclairages sur des proches. Ainsi, pour Dolorès, la tante Béa a été une belle-mère toxique... Et l'énergie que demandent les enfants: toujours un nouveau jeu, un nouveau défi. Leur façon de pénétrer notre intimité. Là aussi, se défendre, gérer la distance. C'est fatigant. Au retour, la monotone route de Berne, désertée. Un peu de repos.
Le soir, l'intérieur du Mad emballé pour la grande lessive annuelle. Tech-house et house progressive dans la puissante sono. Shorts et maillots de bains moulants. Tatouages en pagaille. Bientôt, la sirène retentit et voilà les flots de mousse se déversant sur les clubeurs que l'on douche sans relâche depuis les coursives. La mousse monte, pique les yeux, vous submerge; on patauge à mi-mollets dans de l'eau tiède où chacun pisse copieusement. Dans ce grand bain collectif lubrique, les peaux chaudes et luisantes se frottent, les mains agripent des sexes dressés, les bouches se joignent. Il suffit de se laisser glisser sur cette pente savonneuse.

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