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Le ciel est blanc, parfois brillant quand le soleil étincelle, chauffe un peu l'atmosphère. Puis il se recouvre de coton, la lumière à nouveau sous l'étouffoir. J'ai du temps devant moi. Il faut juste faire un petit effort: me vêtir, mettre mon collant, mes chaussures. Sortir. Y aller. J'y vais.

Pour m'éviter la sempiternelle boucle, je décide de la faire à l'envers. Et tout de suite, je comprends pourquoi je préfère la courir dans l'autre sens: faire ce parcours à l'envers, c'est commencer par la descente, finir par la montée. Manger le pain blanc avant le pain noir. Je cavale en direction du Galicien sous une légère bise, avec l'impression d'une foulée bancale, d'un pas mal assuré; d'un souffle mal maîtrisé. (Revoici le soleil.) L'autre problème de ce sens-là, c'est que je cours du côté droit de la chaussée; dès lors, à chaque fois que je traverse une rue latérale, les voitures susceptibles d'obliquer le font dans mon dos: il me faut donc tourner la tête vers la gauche, et vers l'arrière, pour m'assurer que la voie est libre. C'est fatiguant. Enervant surtout. Vers la Croisée, un bus déverse sa cargaison de voyageurs, là où le trottoir est vraiment étroit. Je ne peux pas passer, je dois attendre que ces piétons se répartissent sur le trottoir pour repartir à mon rythme. Enervant, encore.
Et voici Renens. C'est amusant de voir comme tout est différent dans ce sens-là: le carrefour du 14-Avril paraît presque joli, au-dessous des façades blanches de l'immeuble de la Poste, des branches des jeunes arbres d'avenue... J'attaque la rue de l'Industrie, plus pentue que je l'imaginais. Aussi la rue des Alpes, qui me semble plate dans le sens habituel, n'est qu'un sale faux plat balayé par le vent. Amusant, oui. Beaucoup de travaux ici, et une vieille odeur de compost, ou de fumier, qui traîne. Le fait d'une équipe de paysagistes, occupés à remplir les toutes nouvelles plates-bandes. L'un d'eux porte un chignon de dreadlocks. Bref divertissement pour mes yeux. Voici enfin la route de Cossonay et ses bagnoles. J'en connais chaque palier, tout ira bien. La montée se termine au carrefour de Montétan, où le camaïeu de gris de l'immeuble du restaurant L'Indochine, reflétant le soleil, fait un élégant contraste dans la lumière changeante de cette fin d'après-midi. Trottoir dégagé sur l'avenue d'Echallens. Je n'avais jamais vraiment remarqué que le bitume entre les voies du tram avait été peint en vert...
[Ici, on se représente assez bien les gratte-ciel de Shanghai, la pollution de Pékin. En revanche, on n'a aucune idée de Chongqing. C'est pourtant, semble-t-il, la première agglomération de Chine: 32 millions d'habitants y vivent. Là-bas. Si loin...]

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