Aux Borromées


Dans le palais, dans les jardins, me reviennent des images vieilles de 35 années. Partis au petit matin avec mes parents, mes grands parents, nous avions fait ce voyage; pris le train, remonté le Rhône, traversé les Alpes, découvert les rives du lac Majeur. Puis, ces îles et leur charme rococo, leur végétation luxuriante, leurs arbres et leurs buissons ciselés, leurs paons... Tout ce kitsch d'opérette. Aussi, un plat de spaghettis bolognaise pris sur une terrasse, sous une tonnelle; un chat passant au-dessus de nos têtes, sur le couvert translucide; le passage sifflant d'une locomotive à vapeur noire, en manoeuvre dans la gare de Stresa...
Nous y revoici, au rythme de G et Ph. Les escaliers tentent de dicter leur loi, mais nous en aurons raison. Nous emmenons le fauteuil presque au sommet de la pièce montée du jardin. Sur l'île des Pêcheurs, nous voici dans la véranda d'un restaurant. Larges baies vitrées aux cadres bleu Myconos. Temps gris. Un peu de pluie caresse les platanes de l'esplanade léchée par les flots qui noient un drapeau délavé.
Le soir à Stresa. Chambre d'hôtel sous le toit. Rideaux tirés, couvre-lit bleu nuit à médaillons, couverture supplémentaire; lumière chiche, roman policier, magazines. On se couche à l'heure où les autres sortent. Je pense: être là-bas plutôt qu'ici; déambuler plutôt que danser... Manger et dormir - plus que d'habitude. Retrouver d'autres rythmes. Une syncope dans la partition.

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