Ya un B-52 dans le living



Samedi. Un Mercurien aux yeux translucides et corps arachnéen revient. Du balcon, nous regardons le ciel se couvrir. Voilà la pluie. Nous mangeons des aliments terrestres. Puis, nous nous partageons des statères qui ont cours là-haut. Nos corps ainsi enrichis, nous revêtons bientôt des tenues particulières, qui font barrage entre les eaux météoriques et endogènes. De l'autre côté des baies du vaisseau, la nuit immobile, piquetée de quelques lumières mouillées. La radio de bord est connectée via l'ordinateur à des lignes non-hertziennes, qui assurent à la croisière un rythme sonore correspondant au protocole. Nous ajoutons à plusieurs reprises quelque gouttes d'un toxique aux breuvages qui étanchent notre soif spatiale. Un temps, nous connectons nos corps sur un générateur de bas voltages à fréquences variables. Mais la manoeuvre manque de sensualité. Nous dépensons les derniers statères. Soudain, le temps qui était bloqué retrouve son rythme. Le ciel vire à l'indigo. La tension baisse. Nous prenons place sur une couche commune où nous nous emboîtons sans quitter nos combinaisons. En glissant mes mains sous la sienne, je caresse des omoplates suantes.

(Un jour vide passe, consacré à la récupération.)

Dimanche soir. En quittant la couche, nous découvrons que le vaisseau a retrouvé sa forme de salon - bien qu'assez dévasté. Cela nous amuse, mais il faut à nouveau manger.

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