La bonne efferclée


Comme toujours au MOA, on se met au fond, entre le bar et le podium carré. Armada fait monter la sauce à coups de percussions. La salle se remplit. Les Ours sont là, aussi Stéphane de Fribourg, Yoyo et Dents-Blanches; le Didy avec une fine moustache à la Clark Gable; le Gamin avec un t-shirt Superman; je vois Raphy de Gaillard; Paulo déboule; Denis commence à avoir le va-va et s'en va pour ses rondes; Pascal reste fidèle au poste... Chaque club est délimité en espaces qui, invariablement, attirent le même types de personnes. Pour ce qui nous concerne, c'est souvent vers le fond des salles (à la Démence, au Mad) que nous nous retrouvons. Au Laby, c'est à l'angle de la piste, vers la table ronde. Et en fin de nuit, au pied de l'escalier, près du DJ. A Vernier, l'espace fréquentable est très, très restreint: entre le bar du fond et l'estrade du DJ, avec une étroite avancée sur les marches du dessous des platines. Sur la piste, on se sent perdu, et l'on ne voit guère que les personnes alentour. Et à moins de vouloir se donner en spectacle, le podium principal est beaucoup trop haut. Le fond gauche de la salle appartient aux personnes parfumées, aux ceintures dorées; quant à la première moitié de la halle, il y fait froid et l'énergie s'y disperse... 
Comme toujours aux Season's parties, il ne se passe rien ou presque côté drague. On peut donc s'appliquer à passer une bonne soirée entre copains, profiter des Plaisyrs de la Musique. Veiller au bon mélange, à la bonne concentration de substances, celle qui fait flotter l'âme dans un bain tiède, celle qui ouvre les antennes, le coeur et les bras. Le plus de cette soirée, c'était le petit coup d'assome-chien, grâce auquel s'est subitement opéré une sorte de concentration: le quadrilatère près du podium est devenu le centre du  monde. Dino et Shirley, le Poulet en sueur sur son podium qui se laissait tomber dans mes bras, la tête à l'envers, le grand à chemise à carreaux qui me chuchottait des saletés à l'oreille. La terre penchait un peu. La fille du vestiaire du Laby, qui était là aussi, tendait ses bras au ciel et oscillait comme une algue; Mauro pestait contre la sono mais tout le monde s'en fichait; Denis repassait nous voir avec des yeux bizarres; j'ai remis le masque blanc pour la nième fois, et pour la nième fois, Pascal a eu peur; la musique ramenait dans la banlieue industrielle de Genève les sons caverneux et les stridences de l'Industriequartier zurichois. Ensuite, plus rien de mauvais ne pouvait arriver. En rentrant à Lausanne, de la neige partout.

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