Château-la-Défense


Voilà l'été. Le soleil mord encore à 20 heures. Une après-midi un peu vaine, de bavardages désoeuvrés, entre la terrasse et le salon des Blonaysans - avec le lac qui me nargue, inaccessible. Lumière éblouissante dans le train qui traverse Saint-Légier et les hauts de Vevey, et dont les fenêtres ne connaissent pas de stores. Dans l'air doré, des gens peu vêtus s'affairent autour de tables, de grils, sur les terrasses de constructions neuves, garnies de palmiers en pots, entourées de terre où le gazon perce à peine. Puis revoici la verdure luxuriante, aussi des piscines, les toitures des maisons petites ou cossues. L'une des innombrables et vaguement détestables banlieues résidentielles de la métropole lémanique où pullulent les Wisteria lanes...
Ce matin au réveil, un rêve fuit entre les trous de ma mémoire qui peine à le retenir. Et la logique diurne, qui vient de prendre le relais, peine à donner un sens aux bribes restantes, qui obéissent une grammaire strictement nocturne. C'était un rêve du genre récurrent: la quête de l'état primitif d'une chose indéfinie, qui a évolué avec le temps et perdu de son innocence, de sa légèreté initiale. Car dans certains domaines, on n'aime vraiment que les commencements.
[Bien sûr que je repense à la carte postale reçue de R., et à sa seconde signature fantasmée... Je mesure la puissance de mes défenses, la puissance de cette capacité que j'ai de m'illusionner (dans un sens comme dans l'autre!); de ne voir que ce que je veux voir - fût-ce à mon désavantage apparent. Un désavantage qui justifierait ma position de splendide isolation, là-haut, au 6e étage de la tour d'ivoire.]

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