Le trajet



Les paysages défilent - toujours les mêmes. Les lumières filantes des gares sans nom où le train ne s'arrête pas. Les hautes verrières et l'indifférence de celles où il stoppe, mais où l'on ne descend jamais. Je leur trouve des noms plus amusants: Soloturette, Smaragdon-les-Bains... Chassé-croisé des voyageurs qui partent ou s'installent. Bruits et promiscuité de la seconde classe. Papiers froissés d'où s'échappent à l'occasion des odeurs peu appétissantes de casse-croûtes.
Le wagon vire dans les courbes. Susheela Raman scande Woman dans mes oreilles. Je pense à Michelle. J'observe mes voisins. Les images se colorent des musiques écoutées. A la vitesse de croisière, je cherche Belong, de Spooky, dont les strates de voix féminines font un contrepoint aérien au défilé saccadé des poteaux électriques, presque calé sur le rythme.

Ma vie est un peu compliquée ces temps - et je ne fais rien pour me la simplifier.
Hier une porte dérobée s'est entrouverte sur un (peu enthousiasmant) possible. Je découvre un appartement beau, propre et spartiate, comme son locataire, mais finalement assez peu habité. Le lendemain, un furtif soleil donne un peu d'allégresse à la matinée, à travers les branches d'un ficus benjamina; mais l'éclaircie est brève...


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