La Paix



La rue de façades épaisses, hautaines, plonge vers l'apogée d'un après-midi clinquant et glacé. Deux portes noires aux ferronneries compliquées me happent vers des obligations kafkaïennes. Une pièce assez vaste au fond d'un couloir, l'un des murs boisé, d'allure bancaire, à la mode des années soixante. De temps à autre on ouvre la fenêtre pour renouveler l'air vicié par trois paires de poumons qui consomment ici les heures diurnes.
Les sorties de secours prennent les formes qu'elles peuvent: dans le tiroir d'un PC, le dernier Sébastien Tellier se fait distiller par un casque qui ne couvre qu'une seule oreille; sur un écran voisin s'empilent silencieusement les diamants d'une partie de Bejewled; je multiplie les courses vers la bouilloire, demande des avis à l'autre bout de l'étage. L'angle inférieur de l'écran égrène les minutes qui rapprochent des chiffres libérateurs.

Articles les plus consultés