Temps 9



Noël à peine digéré, courir à Barcelone: les bus ne circulent pas encore, je tire ma valise dans la nuit et le blizard qui fait tourbillonner des cristaux de neige sur le trottoir. Voyager low cost a son prix... Le train envahi de lourdes valises, une fournée de touristes - dont Sacha - en partance pour Ourgada. Un semblant de repos l'après-midi dans le lit de A* et le soir, voici venu le temps des choses sérieuses. Nous gobons chacun les bonbons que j'avais dans mon bagage. Dans l'heure qui suit, la dynamique change totalement. Tandis que les éléments se déchaînent sur la côte, mon désir, ramolli par la chimie se mue en stupide béatitude devant l'écran de la TV où passe un Cazzo; les effets sur A* sont plus lents, mais identiques. Je me maudis d'avoir occis la niaque que j'avais tout à l'heure, autant que d'avoir transformé en miel l'agressivité naguère délicieuse de mon partenaire. Le lendemain, nous partons bottés inspecter les dégâts sur la plage, jonchée de débris et de rats morts, surpris par la furie des flots. Le séjour se passe agréablement mais je pense avec regrets que l'énergie des premières fois s'est envolée.

* * *
Retour à la maison pour Saint-Sylvestre. Arrivés au Mad peu avant minuit, la Jungle bat déjà son plein. Mig a pris position sur un podium, au pied duquel Paulo et le Gamin se coincent près de Stef et du Didy. Ig et les Ours ne sont pas loin. La nuit commence. Nous avançons jusqu'à la première marche de la piste, une excellente vigie. Sur ma droite, je vois l'autre Stéphane, avec qui nous quittons les lieux à 5 heures, pour une aftère privée qui se révèle inintéressante. On redescend à Sébeillon rejoindre Ig et Alain au Base Bar: là, un tandem de DJ's au look pouilleux, mais inventifs en diable, fait vociférer la salle. Le black aux lèvres charnues déguisé en femme, que j'ai embrassé tout à l'heure, se déchaîne sur le podium. La clientèle est aussi improbable que lundi de Pâques à la GMF. Alain roule joint sur joint. Ig, le menton qui tombe, m'assure que j'ai l'air d'un poisson. A 9 heures 30, un autre DJ, qui porte un masque de tuba et à qui l'éclairage et les substances confèrent une carnation turquoise, met Mercato delle spezie, un dernier disque sans aucun rythme et nous hurle "Bonne année, bande d'enculés!". Puis on ouvre grand les rideaux: un flot de lumière grisâtre se déverse dans la salle. Stéphane me raccompagne. On s'installe au salon, avec de la musique, des accessoires. On reprend encore, mais mon désir est mort.


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