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Reprise des soirées SHAFT à Zurich: allons-y. Sur le quai de la gare, Mauro attend le même train que nous. Le voyage passe assez vite, en bavardages anodins. Dans le petit club d'Altstetten, test des Smarties dont on a tout récemment fait l'emplette. Chérotes. Mais, nous assure le bienveillant apothicaire, dosées à 200 milligrammes, on peut n'en prendre qu'une moitié; et, autre argument invoqué, elles ne contiennent pas d'autres substances que la MDMA. Nous voici donc sur le coup d'une heure du matin, sur la piste, avec l'impression vague d'avoir troqué nos jambes contre des pieds d'éléphants. Ce sentiment de pesanteur se dissipe après quelques dizaines de minutes. Et l'absence des autres composés (de type amphétamines?) ôte l'impression de "fusée" lorsque les effets se déploient. Regrettable, quand même. En revanche, on se sent moins assoiffé et l'on ne serre pas les dents. Voilà pour le test. Mais une prochaine fois, on pourra s'économiser le hachage du comprimé...

Je quitte les lieux vers cinq heures, laissant Pascal en bonne compagnie derrière les rideaux du fond. Au bout du couloir, un jour gris sale s'est levé. On monte dans la voiture de S* qui m'emmène chez lui. Une tour d'une dizaine d'étages, sur le coteau de Höngg. Intérieur propret, où la blancheur dominante est compensée par un éclairage indirect coloré. On retrouve nos petites odeurs personnelles, chargées des phéromones qui réveillent nos bas instincts. S* est venu de nombreuses fois me rendre visite; en revanche c'est la première fois qu'il m'accueille. Le fait que, pour cette occasion, il trouve moyen de m'immobiliser complètement sur son lit avant de connecter mon corps à un système, disons, de massages électriques, m'amuse. Comme dans la chanson des Filles du Limmatquai célébrées en son temps par Stefan Eicher, l'invité peut donc regarder mais pas toucher. Electrodes et sondes posées ici et là, superficielles ou intrusives, qui induisent leurs lots de chocs et de vibrations selon des effets préprogrammés. On n'arrête pas le progrès. 

Je prends congé de mon hôte sur le coup de trois heures, assommé de fatigue, le visage rouge et défait malgré une douche qui m'épure des turpitudes de la nuit. Une vieille dame prend place à ma gauche dans le tram qui me ramène à la gare. La voilà qui commence à me faire la causette, en dialecte. Je comprends qu'elle me parle de la pluie qui va venir mais j'arrive à peine à articuler deux paroles intelligibles en allemand. Je m'endors à peine assis dans l'ICN et me réveille juste à temps pour le changement de  Bienne. Dans le train de Lausanne, une famille tant-mieux de retour de la Fête fédérale de gymnastique s'installe tout près, ôtant leurs chaussures, posant leurs pieds les uns sur les autres; la femme doit chausser du 42. Je mets la musique un peu plus fort pour n'avoir pas à entendre leur conversation. Impossible de me rendormir. Je regarde défiler le paysage, la lumière dorée qui magnifie les eaux émeraudes du lac de Neuchâtel.

Playlist
1h31 I wanna be (Shauna Solomon, Azuli)
1h52 Late night surfin (Innate)
2h04 Drowned in the mood (Mindlook)
3h00 Long story short (Morten Granau & Phaxe)
4h54 Ballad (Vociida feat. Evan London)
5h01 Vertigo (Roberto Capuano)
5h23 Never let me go (Evan Marc)



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