Hambourg (Urlaub)


Cher K.,
J'ai bien aimé ton coin dans Altona. Ton jardin plein d'essences rares. Ton appartement si décousu, toute cette place perdue! Un logis étrange, presque dépourvu de sièges, hormis deux chaises de cuisine - et celle de ton bureau. A croire que tu n'aimes pas la promiscuité... Assis dans ton dos, ton corps si fin bien calé entre mes cuisses, j'ai adoré la balade à moto du côté du port. Rouler si lentement dans le vieux tunnel sous l'Elbe, passer ensuite sous les haubans du pont, survoler des navires croisant sur l'eau noirâtre. Le ciel poussait des nuages, j'ai pensé a la chanson de Piaf. C'était l'heure de pointe et il s'est mis à pleuvoir. On était coincé entre des semi-remorques grondants, tu te faufilais. Le vent secouait un bout de plastic pris dans des barbelés. On passait sous des viaducs, des structures urbaines folles, construites sans lois. Puis on s'est arrêté dans un coin, derrière des entrepôts. Tu as fumé une cigarette. En face de nous, ta ville piquait le ciel de ses clochers et de ses grues, tandis que des usines invisibles mugissaient de façon diffuse... Sur le chemin du retour, des vagues d'odeurs – céréales, savon épices, bitume mouillé.
J'ai aimé prendre un café en face du Flora, avec une pâtisserie un peu grasse. J'ai aimé ces moments, j'ai aimé m'approcher de Hambourg de manière un peu plus intime. Sur la route de l'aéroport ce matin, on a une nouvelle fois longe la ligne bleue "idéale" du marathon et ça m'a pincé le cœur, mais très légèrement. Merci pour ces moments, K. Je regrette juste qu'on n'ait pas passé plus de temps dans la pièce du fond, ouvert une ou l'autre de ses malles au trésor. Pourquoi? Mystère. Tu as sûrement tes raisons. Un point a mettre sur le compte des frustrations positives ;-)
Viens me voir a l'occasion...




Lire aussi
Le trajet

Articles les plus consultés