Rue de la fuite


Ouvrir la porte, répéter ce qu'on a déjà dit, reprendre ce dont on a déjà pris, refaire ce qu'on a déjà accompli. Les vêtements, retirés dans la hâte ou la lenteur extrême, voici la peau, l'odeur des recoins, des sous-vêtements, relents de lessive, de sueur. Le sofa glisse vers le tapis et le pouf. Une pause. Le jour qui s'en va agrandit la pièce. Dans la musique résonne comme une sirène. J'imagine ta rue dans cette lumière fuyante, le passage incessant des voitures, des bus, le néon rouge de la pharmacie, l'enseigne d'une banque. Quelque chose d'immuable lié à la ville, à cette heure, à la tristesse de la saison et qui me ramène à ce soir d'emplettes d'avant Noël - mon oncle, le magasin de jouets voisin de la boutique d'articles de pêche où le patron me dit: Oui, il y a une une rivière sous la maison et parfois elle inonde la cave... Je reviens à toi, à ta peau, déjà tu es autre, déjà mon regard a changé, il est temps d'achever ce qui est commencé.

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