Je t'aurai


Lumière estivale sur la terrasse. Une douceur qui permet de s'asseoir un instant pour fumer. Le soleil bas éblouit et oblige à baisser les stores. Le papier très fin crépite et se tache en devenant translucide. On rentre et puis voilà: on s'installe dans le sofa pour une lutte de plusieurs heures. En lice: la générosité et l'avarice, le don et le rapt, la demande et le refus, la peau offerte et ces sparadraps qui m'obsèdent en dissimulant ce que j'aimerais mordre. Derrière tes cils, tes yeux intenses lisent dans les miens l'impact de chaque coup porté. Une rage s'installe, des cris fusent, mes mains empoignent ce que mon ventre demande, mon regard emprisonne ton image et à la fin, mon corps cuit sous la morsure des instruments. J'abdique en secret, j'envoie ma descendance se noyer dans la poussière sous le sofa. Le soleil baisse. De blanche, la lumière devient chaude et révèle les timides forêts dorées qui recouvrent tes jambes. Un basculement s'opère, tout cela a trop duré, tu demeures derrière un rempart - mais je t'aurai.

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