Le plan A.


Je t'observe une fois que nous en avons terminé. J'essaie d'imaginer ton intérieur, quelque part, une villa à la campagne, avec une machine à café sur le plan de travail de la cuisine, un salon en alcantara. Tout à l'heure, tu remettras, telles quelles, dans ce sac plastique qui traîne sur la bache glissante et froissée, les vêtements luisants de silicone et tu le jetteras dans le coffre de ta voiture. Où caches-tu ceci chez toi? Dans un recoin du garage, un placard de ta cave? Et si un jour tu disparaissais et que ta femme découvre cela? Elle aurait surement l'impression écœurante que tu lui as échappé...
Cela fait longtemps que tu n'es pas revenu me trouver. Je te pensais hors circuit... Je regarde ton profil et j'ai (comme parfois) cette vision fugace d'un visage vieilli. Tu me parles et, dans ta voix, je retrouve, curieusement, les inflexions de Sylviane, la même prosodie un peu définitive, c'est étrange. Nous demeurons sur le sofa siliconé, nos mains errent distraitement sur nos peaux, tu fumes une dernière cigarette, bientôt tu t'abandonneras à nouveau brièvement - et puis il sera temps de retrouver l'autre face de ta vie.

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