On est bonnes pour le Repuis


Finalement, c'est [grâce à / à cause de] Mme Munod qu'on s'est retrouvés, dimanche à minuit, tous les quatre, dans une cave louche du Flon où l'on rencontre toute espèce de monde. Comme la coiffeuse, cette sale menteuse qui prétend ne plus sortir, et qui vient quand même se pavaner là, avec son chignon moitié défait, en compagnie du Kevin Mercury — le fils au Freddie. Il a encore grossi, le pauvre, avec ses lunettes orange façon Las Vegas parano. Aussi, un genre de gogo boy brésilien coiffé d'une perruque aplatie à la Enrico Macias. Sans oublier la Cava. Ah, elle faisait moins la bégueule que samedi au Pur, avec son polo Fred Perry boutonné haut. (Elle devrait demander à la coiffeuse de moins la crêper, c'est vraiment pas terrible comme ça). En plus, elle n'arrêtait pas de nous guigner; impossible de faire un pet sans qu'elle vienne voir, demande si l'on s'en allait. Mais même si ça a émotionné la Suzanne que d'apprendre dans quelles circonstances tragiques périt le mari de la Cava (piétiné par un troupeau de vaches, c'est vrai que ça marque), ça n'a pas empêché ses Valda de monter; d'autant qu'à l'harmonium, le dénommé Blow-Job pompait tout ce qu'il pouvait. A ses côtés, la patronne siégeait aux manettes du light-show (non, mon fils n'a rien à voir avec cette discothèque!), en soufflant régulièrement dans son sifflet quand la pression atteignait la cote d'alerte — un peu comme une cocotte-minute, si l'on y réfléchit. Du coup, Mme Munod, en nage, s'aguillait sur tout ce qu'elle trouvait pour japper. Dans l'état où elle était, on se veillait qu'elle n'aille pas se mélanger avec n'importe qui, comme le louchon brésilien en pantalons trois-quarts (celui qui a un saucisson dans la culotte). Le Roni en tenait une belle efferclée aussi. On l'a observé, assis dans un canapé, mettre deux bonnes minutes pour réussir à rattacher ses baskets. Mais disons, heureusement qu'il y avait les vieilles droguées pour faire un peu d'animation sociale dans ce boui-boui; sinon il ne se serait pas passé grand chose. Côté culture générale, il ne faut pas trop demander non plus. Pour la sonder un peu, j'ai chanté les deux premiers couplets de "Mademoiselle Angèle" dans l'oreille de la coiffeuse: elle m'a regardé d'un oeil vide, attendant la suite... Passons. On a quand même mis en garde Mme Pasche qui (comme à son habitude, vociférait en espagnol), de pas trop s'agiter, car au train ou vont les choses elle pourrait bien finir au Repuis. A trois heures, tout le monde était loin. Heureusement qu'il me restait deux Seresta.

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