I saw you at the air race, yesterday


Curieux de songer que ce qui flotte dans l'écume, c'est le souvenir de cette course. Une nuit dans la banlieue industrielle de Barcelone, dans un endroit où le chauffeur de taxi incrédule avait hésité à me conduire. Là-bas. Toute une nuit à suer à grosses gouttes, en courant après des chimères que je ne retrouvai plus, une fois dissoutes dans la lumière revenue du matin – tandis que le peloton s'égaillait entre les usines, les entrepôts, à la recherche d'un autobus. Le rêve s'interrompait brusquement à l'aurore, dans le grondement du moteur diesel, entre les travailleuses muettes et ensommeillées, accrochées aux barres jaunes du véhicule, déjà happées par leur journée. Mais alors il fallait que je coure. L'automne d'avant, un autre rêve s'était discrètement achevé dans la tendre lumière automnale de Croatie. Au printemps de l'année précédente – je remonte encore le fil du temps – j'avais pris place dans je ne sais trop quel vaisseau qui volait au-dessus de la cité, et je me demandais comment nous allions atterrir, comment nous pourrions bien nous fondre, lui et moi, dans ces rues nocturnes piquetées de lampadaires, vers lesquelles notre aéronef s'orientait...
De nombreuses photos témoignent de ce temps proche et déjà lointain. J'y vois la netteté perdue de mes traits. Je me crois habitué aux nouveaux signaux de mon visage; mais ils me surprennent encore, le matin dans la glace ronde. Bon... Les pages ne se tournent pas toujours à un rythme régulier. Il y a de courts chapitres.

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