La P. bénévole


On sonne. J'ouvre. Salut. Tu peux mettre ta veste là. Qu'est-ce que je te sers à boire? Le canapé. Un instant de small talk avant de basculer en mode body talk. Puis, réveiller régulièrement l'écran du PC pour commander à iTunes des rythmes en phase avec l'action.
Marquer quelques pauses. Boire, fumer un peu.
Je me rends compte que je sers de de plus en plus souvent d'initiateur. Après, j'entends: "C'était génial. J'avais jamais fait. Trop cool. Merci pour la découverte." Mais cela signifie aussi que je pilote l'opération, que j'ai un plan en tête, toujours une idée pour après; que je guette le bon moment pour mettre le cap vers un autre plaisir. Objectif: faire monter la tension - alors qu'il faudrait juste pouvoir simplement savourer le moment. Se laisser aller.
Parfois comme hier, j'ai un vague espoir de continuation. On me sert finalement des formules d'impolitesse: "Je vais faire le sauvage, mais...". Pour le visiteur, la parenthèse se referme. Derrière ma porte, il y a la rue, le froid, la route à reprendre. La réalité. La mienne, c'est de rester au chaud là-haut dans ma boîte. Le parquet glissant de silicone, le bougies qui brûlent, les accessoires qui traînent, le ménage à faire, la faim qui tenaille et une impression lancinante de vide que ne dissipe pas complètement le concept de la liberté, dès lors qu'entre offre et attentes, l'échange n'est pas toujours équilibré.



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