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Berlin, Barcelone. Bruxelles. Paris. Noms de villes associés à l'agrément. Petits voyages. Week-ends prolongés ou non. Avoir ses habitudes dans les gares, les aéroports, où des souvenirs restent accrochés çà et là, que l'on retrouve au passage. Aux plaisirs et au stress de la découverte se substituent alors, dans ces villes-là, les conforts d'une relation de vieux amants qui savent bien ce que l'un et l'autre savent s'offrir - et attendent sans hâte, mais avec un plaisir tranquille, le moment de se retrouver. A travers les vitres teintées de l'Aérobus, je regarde défiler les façades massives de la Gran Via. L'immeuble de Andrès. Place d'Espagne où nous avons couru, un jour, avec le Poulet, entre les colonnes prétentieuses de la Fira. La trouée du Parallèle; puis des rues sans histoire, dans le nom ne m'est pas étranger et qui continuent leur vie de toujours...

Par la fenêtre de la cuisine, les immeubles de la banlieue, construits sans plan, auxquels on a rajouté d'anarchiques surhauteurs. Façades de brique nue qui attendent patiemment d'être peintes. Balustrades, avant-toits surchargés de climatiseurs. Linge qui sèche au vent... Le métro nous a laissé au terminus de la ligne dans une zone en pleine mutation. L'industrie cède des parcelles poussiéreuses et bossues à la plaisance, à la résidence, aux hypothétiques centres commerciaux et de congrès. On détruit là de petits immeubles populaires pour faire une marina. Des tours de logement se dressent en front de mer, entourent une ancienne usine, désaffectée et splendide. La Municipalité la sauvegardera. Le premier soir, on prend un apéritif sur la rambla de Badalona où je dois être l'unique touriste...

Ton gilet sentait bon le latex, la pomme flétrie, la vieille fumée. A un moment, ma vision a changé, comme si j'avais fait un pas en avant ou chaussé des lunettes. La beauté de tes longs cils m'a frappé. Quelque chose est passé dans tes yeux, et cette image m'a indiqué que le partage pouvait se faire sans entrave. Merci d'avoir deviné mes souhaits biscornus. De m'avoir fait languir sans jamais me frustrer. Tu as compris de quoi se construit mon plaisir; et je crois avoir senti de quoi s'alimentait le tien.


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