Chavornay (le déluge)


Sur l'autoroute, les premières gouttes s'écrasent sur le pare-brise du Poulet. Des éclairs frappent Orbe. L'averse commence sérieusement quand on bifurque vers le collège. Nous sommes en avance - quasi une heure avant le départ. On stationne dans le hall de la salle de gym, de plus en plus bruyant. Un quart d'heure avant le départ, on sort enfin. Il pleut moins. Un décompte au mégaphone, pas de coup de feu. La grand'rue passe vite et puis on tourne déjà en direction du viaduc de l'autoroute, le long de la rivière où un exutoire vomit une eau verdâtre et mousseuse. Le rythme s'installe. Arrivent les montées. Je mets le pied droit dans une fondrière. Ma vieille Asics se gorge d'eau. Le t-shirt gris que Denis m'a ramené de Bahia aussi, le dossard se colle à mon estomac. Bonne surprise: le passage le plus raide (le chemin creux très pentu) a été recouvert de ballast. Ce gain en surface permet de dépasser ceux qui marchent à la montée. Je tiens la cadence. Alternance d'obscurité mouillée, sous les longs tunnels d'arbres qui pleurent de l'encre, et de clairières qui s'ouvrent soudain sur un ciel de soufre. Le sentier forestier des km 5 - 6 est fait d'une boue qui ventouse les semelles. Chaque pas est dangereux. L'obscurité dissimule les racines. Enfin l'orée. Après le virage s'ouvre un plateau qui m'apparaît comme une plaine russe; au fond, un village (sans doute Corcelles), piqué d'une lumière mouillée. Instant de grâce. La forêt nous happe à nouveau. Je reconnais le dos de Teresa. Je suis un cheval. A nouveau la lisière, côté Chavornay. Le panneau du km 8, accroché à une branche basse. Puis le chemin de béton. Je dépasse Teresa. Les encouragements de Corbaz, de Guignard. Le pont sur l'autoroute, les phares des voitures réverbérés par l'asphalte; un type sous un gros parapluie rouge au portail du cimetière; voici les premières maisons.

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