La petite semaine


Vendredi matin, les nouvelles à la radio, le café qui monte, le soleil derrière le store de la cuisine: impression de refaire enfin surface, de reprendre possession de moi-même. Le couleurs reviennent, avec les envies. Pendant trois jours, j'ai erré, en ectoplasme, quasiment vidé de toute énergie, assumant juste mes obligations sociales. Tout à l'heure au réveil, une douleur au flanc: je me suis brûlé un coin de peau durant la nuit. J'ai certainement dû me retourner brusquement dans le lit et ma peau se sera échauffée contre le drap. Pas surprenant: ce fut une semaine de sommeil pourri, agité de rêves incessants, de combats nocturnes contre des fantômes qui m'étreignaient par derrière. Et cette nuit encore, pour faire bon poids, résurgence de scènes douloureuses du passé. Je me lève pour pisser, vaseux, et ce bazar remonté de ma mémoire me poursuit, quasi tangible malgré la raison, la lumière des lampes, le cadre familier. Voilà donc un week-end de fête payé au prix fort. Deux soirées consécutives, c'est décidément trop, trop de chimie en tout cas pour mes pauvres synapses.
Cet après-midi, passage d'un visiteur: un Charentais, qui m'a abordé avant-hier sur le chat, et qui égaye un peu sa route solitaire jusqu'à Crans Montana. Il reste ici trois heures et repart avec sa caisse à outils. Dès la porte refermée, tout l'énergie suscitée par ce petit jeu, par le plaisir de rencontrer une personne nouvelle et plutôt sympathique retombe comme un soufflé. Je ne le reverrai certainement jamais: la pensée de cette vaine dépense énergétique me paraît brusquement stupide. Et puis il faut tout ranger...
Sinon, voilà l'agenda des distractions de culottes rempli jusqu'à la fin de l'an. Au programme: un aller-retour en solo à Oslo, puis à Berlin (le week-end où je pensais initialement rendre visite à M* (pas revu depuis 2003 ou 2004), chez lui à Trévise. Comme il m'a relancé juste après que j'ai acheté, sur un coup de tête, mon vol pour Berlin, il a fallu que je serve une excuse; ce menu fait a suffit à me mettre mal à l'aise. Je me vois en menteur, en manipulateur. En réalité, j'ai fait un choix entre une découverte, avec tout ce que cela comporte de piquant, et d'incertaines retrouvailles... Fuite en avant, sans doute. Etre une telle girouette me fatigue moi-même.

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